mardi 1 septembre 2009

Frisco !


Bonjour Ami Terrien !

C'est la rentrée, peut-on en douter lorsque l'on jette un œil par la fenêtre en ce 1er septembre ?
En tout cas c'était encore l'été à San Francisco, puisqu'un record de chaleur a même été battu samedi dernier... peu habituel pour cette ville du nord de la Californie, plutôt connue pour ses températures instables, le vent et le brouillard. "Le pire hiver que j'ai connu, c'est un été à San Francisco". Et ce n'est pas moi qui le dis, mais Ernest Hemingway. Comme pour lui donner raison toutefois, le mercure effectuait une chute d'une bonne dizaine de degrés dans le thermomètre le dimanche matin...

J'ai déjà dû le dire, mais SF est vraiment une ville unique, et je prends toujours un grand plaisir à en arpenter les rues vertigineuses qui semblent plonger droit dans la baie.



Le spectacle commence dès l'avion, avec en approche une vue de la célèbre faille de San Andreas. Ici, les plaques tectoniques Amérique et Pacifique se livrent un combat millénaire. Et le système de failles de San Andreas constitue la partie visible de ce combat. La subduction inexorable de la plaque océanique est source d'une activité sismique permanente : SF connait quelques milliers de tremblements de terre tous les ans (plusieurs chaque jour !). Heureusement, la plupart d'entre eux ne sont ressentis que par les sismographes. Mais de temps en temps, les forces de la Terre sont plus fortes que tout, et les dégâts peuvent alors être considérables... Le pire est arrivé en 1906 : 7,6 sur l'échelle de Richter, et un immense incendie qui détruisit une grande partie de la ville. Plus récemment, en octobre 1989, c'est un séisme de magnitude 7,1 qui fit son lot de victimes... The Big One arrivera un jour ou l'autre, c'est une certitude, mais personne ne saurait dire quand...



Mais en ce samedi matin, ces considérations ne gâchent en rien ma balade. Parti vers 9h30 de notre hôtel sur Market Street, je décide de rejoindre les piers, à l'extrémité nord de la ville. Pour épargner mes jambes, je laisse Powell Street et ses cable cars sur ma gauche, et opte pour Stockton qui offre une verticalité bien plus raisonnable ! Je me retrouve vite dans China Town. Les échoppes sont prises d'assaut par les habitants du quartier, qui font le plein de racines de gingembre, de champignons de toutes les tailles, d'hippocampes séchés et autres gourmandises que je peine à identifier - mais n'est-ce pas mieux ainsi ?... J'ai beau tendre l'oreille, je n'entends pas un mot d'anglais autour de moi. Je suis bel et bien à Pékin ou Shanghai. Un voyage dans le voyage. Mes petits pieds frétillent de bonheur alors que je souris à cette idée. Entendant les cuivres d'une fanfare approcher, je ne peux m'empêcher de dégainer les plastiques de mon appareil photo. Juste avant de réaliser qu'il s'agit en fait d'un cortège funéraire. Dommage...


Alors que je croise Broadway St, toujours sur Stockton, le voyage continue. J'abandonne la Chine et ses mystères et rentre en Europe en aussi peu de temps qu'il faut pour traverser un passage piéton. O sole mio ! Me voici dans le quartier italien et ses restaurants branchés. Je suis tenté de faire une pause cappuccino à l'une des terrasses. Mais je me ravise, je viens de prendre mon petit déjeuner et depuis quelques blocs une magnifique vue sur la baie en contrebas s'offre à moi, et les embruns m'appellent. J'opte pour une courte pause à Washington Square, sur un banc public dédié à la mémoire du meilleur balayeur de la ville (si si, la preuve en photo dans le diaporama à la fin de ce billet !). Je regarde amusé les chiens des jeunes cadres dynamiques qui s'éclatent dans l'herbe, qui avec un frisbee high tech, qui avec une vieille balle de tennis baveuse. Guitare en bandoulière, une jeune femme avance pieds nus dans l'herbe, les cheveux roses, et chante une chanson dont je ne reconnais pas l'air. Derrière moi, se dressent les clochers de la Saints Peter & Paul Church. A ma gauche, dans la perspective de Greenwich Street, se dresse la tour en forme de borne d'incendie offerte par une Lillie Coït reconnaissante aux pompiers de la ville en 1933.






Je laisse l'Italie, les cadres, les chiens, les chanteurs et les bornes à leur samedi matin, et poursuis ma descente sur la baie et les piers. En quelques minutes, me voici à Fisherman's Wharf, une jetée aménagée sur le Pier 39. C'est certainement l'endroit le plus touristique de la ville, et les puristes ne manqueront pas de te le déconseiller, Ami Terrien. C'est vrai que ça ressemble un peu à un morceau de Disneyland posé au bord de l'eau, et que l'authenticité n'est pas au rendez-vous ici. Mais en évitant les heures de grande affluence, l'endroit a malgré tout son charme. De toute façon, si tu viens à SF, tu n'y couperas pas, alors ! Si ce n'est pas pour les magasins de souvenirs, ce sera au moins pour les sea-lions qui ont colonisé le "39". Désormais protégés par la ville, ils se dorent la pilule sur ces pontons flottants, entre deux sessions de chasse ou au détour d'une migration. A chaque fois, je ne peux m'empêcher de venir les voir... Un spectacle permanent, gratuit... et cocasse !




Je poursuis ma balade vers l'ouest en allant voir les vieux vaisseaux réunis et entretenus par la San Francisco Maritime National Park Association. Je fais la connaissance de Georgette, honorable mouette unijambiste en faction sur le pont du USS Pampanito, un vieux sous-marin militaire.


Avant de repartir vers l'est, je fais un petit détour par Ghirardelli Square. Ghirardelli, c'est une marque de chocolats qui déchirent et qui étaient auparavant fabriqués à SF même. Déception, la production a été délocalisée dans un patelin du nord de la Californie, et ne subsiste au square qu'un glacier et une boutique de la marque. Je résiste à la tentation de découvrir leur grande nouveauté de l'été : chocolat au lait et beurre de cacahouète. Au moment où j'écris ces lignes je le regrette, en proie à une furieuse envie de sucre. Mais mon pancréas, lui, gargouille de reconnaissance...




Arraché à la tentation dans un instant de SONIE (Sagesse d'Origine Non IdentifiéE), je reprends ma marche, vers l'est cette fois. Je laisse le Wharf qui commence à se remplir de touristes sur ma gauche et poursuis sur l'embarcadero. Mon prochain objectif est le Ferry Building, à la hauteur de Market. Les Piers défilent sur ma gauche, et je commence à sentir mes jambes. Il faut dire qu'il est 14h, et cela fait déjà cinq heures que je déambule. Je n'ai pas vu le temps passer ! Je sens aussi que mon visage brule doucement sous l'effet du soleil et du vent. Je ne me suis pas méfié et la crème solaire est restée à l'hôtel... Dommage. Le Ferry Building est accessoirement le point de départ des bateaux assurant la liaison avec différents points de la Baie. Outre les classiques Sausalito & Tiburon, on peut rejoindre le Jack London Square d'Oakland, l'autre grande ville de la "Bay Area". Mais ce bâtiment renferme surtout une galerie commerciale renfermant des boutiques hypra bobos. Le Cours Saint-Emilion de Paris en comparaison, c'est un Intermarché dans la banlieue de Dunkerque. Ici, déjà, tout est Bio ("orgaaaaaaaanic", comme on dit ici). Ici, vous mangez des huitres vendues à l'unité et à emporter ("one oyster to go please !"); ici le sushi-bar c'est "soooooooo last year !!" (c'est à dire "hase bine" en français) : non ici vous vous asseyez au bar et vous dégustez du caviar (bio), du champagne (californien et bio), et les vocalises d'un baryton russe (Bio, mais alors façon "biocarburant", si vous voyez ce que je veux dire). Et comme on est bobo, on fait tout ça en cargo, tee-shirt ou chemisette Abercrombie et tongs havaianas. Pas de caviar pour bibi, mais une sage salade de macaronis (bios) et un thé vert glacé au miel (bio et en bouteille consignée).

Ayant rechargé mes batteries (bios), je reprends Market Street jusqu'au Marriott. Je sens que j'ai cramé, j'ai très envie d'une douche fraiche et d'un tee-shirt propre; ça tombe bien je suis allé faire mon petit tour chez A&F en arrivant hier :-)

Le SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art), une déclinaison du MOMA de New-York, est sur la 3e rue, à un bloc de l'hôtel. Je voulais garder cette visite pour un jour de pluie. Mais j'estime que les UV ont suffisamment attaqué mes pauvres petites double hélices d'ADN pour aujourd'hui et me lance pour une fin d'après-midi culturelle. Bon à 20$ la fin d'après-midi culturelle, on peut comprendre que le gros des touristes reste scotché au Wharf et sa gratuité de façade... Dommage. Car ce musée dispose d'une collection très intéressante, et l'art contemporain ça peut être très ludique (les quelques enfants croisés dans les couloirs n'avaient pas l'air de s'ennuyer en tout cas). Installations délirantes comme je les aime, Georgia O'keeffe (que j'aime beaucoup, et j'ai pas dit "kiffe"! Oups.), Brancusi, et une jolie exposition de portraits de Richard Avedon. J'ai passé un excellent moment, et pris pas mal de photos de l'endroit, qui architecturalement parlant était très sympa (à voir dans le diaporama). J'ai aussi failli dévaliser le "Design Store" du musée qui, comme à New York, propose des objets que je trouve assez géniaux, comme par exemple ce dessous de plat ! (mais une autre SONIE m'a sauvé...)


ET PUIS VOILA...

Après une petite heure de pause dans ma chambre, j'ai rejoint quelques collègues dans le hall pour aller diner dans une petite cantine thaïe bien connue des équipages, sur Powell...
Une excellente journée dans une ville excellente.
Et bio. ;-)



Montreuil, le 01/09/09

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