dimanche 28 mars 2010

Thib ami-ami

A défaut d'un bouquet de fleurs... ces quelques photographies, Ami Terrien... Enjoy !

3 ON Miami Mars 2010 from Thibault Magnan on Vimeo.

Planning d'avril

jeudi 01 --> mercredi 14 : OFF - congés annuels
jeudi 15 : contrôle d'anglais CDG 14h00-16h00
vendredi 16 : New York ROTATION ANNULÉE
samedi 17 : New York ROTATION ANNULÉE
dimanche 18 : New York ROTATION ANNULÉE
lundi 19 : OFF
mardi 20 : OFF

mercredi 21 : Mexico
jeudi 22 : Mexico
vendredi 23 : Mexico

samedi 24 : Mexico

dimanche 25 : Mexico (retour CDG 13h50)

lundi 26 : OFF
mardi 27 : OFF

mercredi 28 : New York
jeudi 29 : New York
vendredi 30 : New York (retour CDG 08h35)

Tout est relatif...

Bonjour Ami Terrestre,

C'est la nuit. Sous le ventre du 747 qui nous ramène à CDG, l'Atlantique défile à plus de 900 km/h. Je suis en garde en porte 5 gauche pour environ deux petites heures, lors de ce vol retour de Miami. La croisière est turbulente, les techniques ont allumé les consignes lumineuses. Cela ne dissuade pas quelques passagers de quitter leur siège malgré le danger potentiel d'une secousse plus forte que les autres. Les consignes sont allumées, plusieurs annonces ont été effectuées, dans à peu près toutes les langues possibles. Alors je ne me bats plus. Je ne suis pas gendarme. Lorsqu'un passager se rapproche des toilettes, je lui rappelle de faire attention car la consigne est toujours allumée. APDUV*, bien sûr. C'est assez habituel : rappelez à un PAX qui se lève qu'on est en pleine zone de turbulences, il vous répondra invariablement que "oui oui mais moi je vais juste aux toilettes". Ah ben ça va alors. Il est évident que le "cunimb" orageux va se vaporiser immédiatement, que les reliefs du sol vont s'aplanir instantanément pour annihiler tout mouvement de convection, que le gros porteur qui nous précède sur le track va couper ses réacteurs sur le champ pour tuer dans l'oeuf son sillage, que les streams, ces immenses vents dominants qui parcourent inlassablement le globe vont débrayer d'un claquement de doigt... afin que monsieur puisse aller faire pipi en toute sécurité. Évidemment. Sans compter que sur les autres compagnies, c'est bien connu, il n'y a jamais de turbulences, et-je-le-sais-car-je-voyage-souvent.
Bref, devant le balai incessant de mes passagers sans peur me vient une idée pour mon petit blog. Il faut que je rédige un billet sur tous ces petits comportements, ces petites réactions aberrantes et illogiques que ces gens au demeurant d'intelligence normale - espérons-le - sur le plancher des vaches s'évertuent, vol après vol, à reproduire à bord. Et qui font rire parfois, mais qui à la longue peuvent rapidement agacer le Petit Navigant Commercial et lui faire perdre patience - en dépit de son professionnalisme ! J'attrape ma fiche de vol et entreprend donc de dresser une liste aussi exhaustive que possible de ces petits épisodes souvent coquasses, que je classe en catégories pour faciliter la rédaction : sécurité, service, accueil etc. Ce sera un billet sympa, me dis-je... Avec assez d'humour pour ne pas barber mon Ami Terrien, et peut-être une réflexion de fond sur le pourquoi du comment. Je pourrais intituler ça "Travers de PAX", par exemple.

Mais tu es perspicace, Ami Terrien. Tu as bien vu que ce n'était pas pour cette fois, puisqu'un autre titre orne ce billet-ci. Je te sens un rien déçu. Mais promis, je le rédigerai, ce billet. Simplement, il est parfois des événements, des situations qui peuvent contrarier certains projets. Et l'incident qui survint un peu plus tard lors de cette traversée me fit perdre toute envie de rire - même gentiment - de comportements de gens qui malgré tout nous font confiance vol après vol sur des sujets ô combien plus graves qu'un poulet ou un foie gras manquant.

Mais pour le moment, fier de ma trouvaille, je range ma fiche de vol dans la poche de ma veste et entreprend de rendre ma veille aussi active que possible, histoire de ne pas sombrer (j'ai eu trop chaud au poste repos tout à l'heure, impossible de fermer l'œil, alors la fatigue commence à se faire sentir)...
Bon an mal an, la garde se passe, et je commence à préparer la cabine arrière pour le service du petit-déjeuner. Ranger la voiture bar positionnée à l'arrière, débarrasser au maximum la cabine etc. Pendant ce temps, au galley, ma collègue a sorti les voitures et commence à les gréer gentiment. Il est temps pour moi d'aller réveiller les collègues au poste repos, armé de la traditionnelle bouteille d'eau et de la pile de gobelets.

Et nous voilà de nouveau au complet. Les choses se précisent. La chef de cabine a redonné de la lumière en cabine pour le service. Avec quelques collègues nous commençons à distribuer les plateaux spéciaux pour les passagers qui en ont fait la demande. Alors que je repasse à l'office avec un "végé" invendu, l'interphone de la porte 4 droite émet son plus beau "high-low" (sonnerie plus communément connue sous l'appellation "Ding-Dong"). Je décroche le combiné et comme à l'accoutumée énonce mon prénom et ma situation. "Thibault en 4 droite !". Erreur. Car j'entends une conversation déjà en cours. Je me rappelle alors que sur la barrette d'appel, la lumière était clignotante. Pas spécialisé sur 747, je n'ai pas compris immédiatement que j'avais affaire à un "appel général d'urgence". Or, lorsqu'un membre de l'équipage compose l'indicatif d'urgence sur son combiné, tous les interphones de la cabine - et du poste de pilotage - sonnent. Tous les PNC à proximité doivent alors prendre l'appel, et rester silencieux pour prendre connaissance de l'information. Ayant pris la conversation en cours, j'avoue que je ne suis pas certain d'avoir tout saisi... plusieurs personnes parlent en même temps... Je finis par "capter" qu'il s'agit d'un malaise pax. Ce cours laps de temps est un peu confus dans ma mémoire. Je raccroche et cherche des yeux ma chef de cabine qui était au combiné de la porte opposée à la mienne. Au même instant, un homme déboule devant moi; il parle fort. "She's really not looking well !". Je pose -enfin !- mon végé sur le bord du galley et m'avance de quelques rangs dans l'allée droite. Je vois, de loin, sur la gauche de la cabine cette passagère qui semble effectivement inconsciente. Je me retourne vers la CC. "Je vais chercher le DSA ? _ Oui, vas-y". Je remonte très rapidement l'allée droite. Plus question d'être commercial. Les "pardon me, excuse me sir" laissent place à de secs - mais efficaces - "Move ! Out of the way !". Ma collègue qui travaillait à l'avant avait préparé le défibrillateur et est partie à ma rencontre. Un autre collègue descend la trousse médicale d'urgence. En fait de trousse, c'est une imposante valise rouge contenant toutes sortes de produits et de matériel, utilisable par un médecin. Alors que j'arrive de nouveau à proximité de la porte 4, je vois que la CC a déjà dégagé tous les PAX assis autour de la victime afin que nous puissions l'extraire de son siège. Une collègue prend le DSA pour que je puisse aider la CC à dégager la passagère de son siège.
Depuis le début de l'alerte, c'est la première fois que je regarde la passagère avec attention. Je dois avouer que j'ai un choc. Sa peau est littéralement verte, cireuse. Je comprendrai par la suite qu'elle n'était pas réellement verte, mais bleue car cyanosée. Le néon jaunâtre de l'avion étant responsable de cette couleur verte. Ses yeux, grand ouverts, sont révulsés. On n'en voit quasiment que le blanc. Son pantalon est maculé d'urine. A première vue je ne discerne aucun mouvement respiratoire. Oui, elle est très mal. Avec ma CC, nous tentons de la porter hors de la rangée de sièges. Je me dis que c'est autrement plus difficile qu'à l'entraînement. Au BEPN, ce sont les collègues qui servent de victime. Ils ont beau rester aussi inertes que possible, on sait bien qu'ils ne se laisseront pas fracasser la tête contre un accoudoir ! La tête tiens justement. Ce fondamental, laissé de côté un quart de seconde sous le stress me revient. Il faut absolument bloquer la tête. Des séances d'entraînement me reviennent. Caler la tête de la victime sur sa propre épaule et la maintenir par derrière pour l'empêcher de basculer. Un frisson me parcourt. A ce moment-là, je suis persuadé de porter un cadavre. C'est horrible à dire je sais. mais c'est la sensation que j'ai en sentant l'oreille de la femme sur ma joue. Il est trop tard. J'essaye de chasser cette pensée alors que nous l'asseyons en biais -première étape- sur le siège côté couloir. La suite. Ah, oui, ramener les cuisses sur l'avant. Oui, c'est vrai elles sont pleines d'urine. Mais c'est tellement secondaire, on s'en fout. Nous nous regardons avec la CC. Cette fois ça y est, le grand saut, il faut qu'on la porte jusqu'à l'office, deux mètres derrière. 1, 2, 3, on soulève. Je soutiens, elle tire. Et nous y voilà. La couverture a été installée, l'oxygène est là. Pendant que nous extrayions la victime, un appel médecin avait été lancé au PA. Il y en a trois qui sont déjà là. Je suis impressionné. Depuis que j'ai raccroché le combiné, il a dû se passer une minute à tout casser. Et tout a bien coulé. On n'aurait difficilement pu être plus rapide. Je note l'heure : 6h10 Paris. 5h10 temps universel.
Je m'éloigne tout de suite pour laisser la place aux médecins. Connaissant mal la TMU et son contenu, c'est la CC qui s'occupe de leur donner les produits dont ils ont besoin. La famille de la victime est dans l'autre partie du galley. J'entreprends de collecter auprès d'elle toutes les informations susceptibles d'aider les médecins. Antécédents médicaux, traitements en cours etc... Le problème émerge rapidement. Cette suédoise a fait un œdème pulmonaire lors de son récent séjour en Amérique centrale. Elle a fait des radios sur place : poumons à 50% remplis de flotte. traitement pris, état stabilisé et médecin OK pour le vol retour. C'était visiblement un peu optimiste. Je transmets rapidement l'information à l'un des médecins. Puis je retourne dans l'autre galley. Il faut rassurer les deux filles de la victime, les soutenir le mieux possible. Elles sont tendues, visiblement anxieuses, mais ne paniquent pas. J'admire leur calme et leur courage.
En plus de la CC et des trois médecins, il y a deux PNC autour de la victime. C'est largement plus qu'il n'en faut, et je décide donc de me tenir à l'écart, de m'occuper des autres passagers. La chef nous demande de partir en service. J'essaye de garder le sourire au maximum, mais j'avoue que c'est difficile. Les yeux blancs et fixes de la femme restent sans cesse dans mon esprit. Le contact de sa peau cireuse contre la mienne au moment de la sortir de son siège... Des passagers, qui ont entendu l'annonce me demandent des nouvelles, un autre, motivé par je ne sais quel intérêt morbide me demande si la personne est morte. Un autre, plus intéressé me demande si on poursuit sur CDG, ou si on se "détourne". Non non, personne ne mettra de révolver sur la tempe du captain' pour changer de destination, on en est à peu près certain. Pour ce qui est de se "dérouter", non ce n'est à priori pas d'actualité !
Je viens aux nouvelles à la fin du service. La passagère est toujours inconsciente mais sont état est stabilisé d'après les médecins. Déjà, elle a repris des couleurs. Ça devrait aller. Je commence à me détendre, ô combien heureux de m'être trompé. Mais je ne peux m'empêcher de penser que c'était vraisemblablement une question de minutes.

Atterrissage musclé, freinage violent. J'imagine que les pilotes ont freiné à bloc pour pouvoir attraper un taxiway le plus rapidement possible et réduire le temps de roulage. D'habitude, le roulage sur une plateforme comme Roissy peut facilement prendre 25 à 30 minutes... nous mettrons peut-être 7 minutes pour rejoindre le parking. Un avion déclaré en urgence médicale, j'imagine qu'on le laisse passer...
Dernier virage, désarmement des toboggans. Le CCP effectue une annonce pour demander aux passagers de ne pas quitter leur siège, une intervention urgente du SAMU étant nécessaire pour la passagère. De la porte 5 où j'ai atterri, je n'ai pas de visibilité sur le galley. Finalement, le CCP invite les PAX à débarquer. Je me rends dès que possible dans le galley. Le médecin du SAMU est là, et je découvre avec bonheur que la passagère est assise dans le galley. Elle a repris connaissance. Le masque à O2 sur le nez, elle reprend doucement des couleurs. J'avais besoin de voir son visage, chasser de ma tête ces yeux révulsés pour les remplacer par ceux là, indéniablement vivants.

Installée sur une chaise roulante, couverture de survie sur les épaules et toujours le masque sur le nez, je la regarde quitter l'avion à reculons. Par hasard, nos regards se croisent un court instant. Je lui envoie un sourire que je souhaite réconfortant. Je ne suis pas certain qu'elle l'ait seulement perçu. Mais peu importe. Je souris rarement aux morts.
Alors c'est bon signe.

Et c'est pour ça, Ami Terrien, que je me dis maintenant que tout est relatif... Un passager qui s'énerve parce qu'il n'y a plus de poisson, un autre qui hurle au scandale parce que dans cette compagnie on fait des turbulences "exprès" : c'est vrai ce sont des problèmes. Mais quand on râle c'est qu'on est bien vivant.

Moi, ça me va.


*APDUV : acronyme fréquemment employé en aéronautique, généralement utilisé afin de dresser le constat désabusé d'un problème à la solution toute simple mais malgré tout impossible à mettre en œuvre du fait de l'absence totale de coopération de la part d'un tiers. APDUV, pour "Autant Pisser Dans Un Violon".

Montreuil, 28/03/10

samedi 20 mars 2010

48h à Tokyo


Konichiwa, l'Ami terrestre !

Comme tous les mois depuis quelques mois, j'ai posé en désidérata, un "4ON" New York (deux nuits dans la Big Apple).
Comme tous les mois depuis quelques mois, mon quota de points est largement insuffisant pour obtenir ce genre de rotation ô combien convoitée.
Comme tous les mois depuis quelques mois, je me mets en quête d'un plan B. Dans la compagnie, ce ne sont pas les escales qui manquent. Je parcours des yeux les différents trigrammes qui se déroulent sur l'écran... BOS, LAX, ICN, RUN, SXM... bof... pas cette fois ! ORD, DKR, NRT. Tiens... N-R-T. Ces trois lettres semblent m'appeler brusquement, et vibrent devant mes yeux comme une sorte de défi. NRT pour Narita, l'un des grands aéroports de la banlieue de Tokyo, Japon. Jamais été. Paye bien. Change un peu des USA. Et surtout promesse du plaisir exquis de faire de nouveaux premiers pas quelque part. A peine un an et demi que je sévis sur le réseau long courrier. Et déjà ce genre de plaisirs se fait rare.

Je clique, je clique, j'y suis.

Samedi, 9h

Et voilà. Je me retrouve une nouvelle fois à bord d'une navette équipage, au petit matin lorsque dans ma tête il est encore tard le soir. Je ne reviendrai pas sur les conflits internes qu'une telle situation peut déclencher (suis ce lien Ami Terrien pour te rafraîchir la mémoire). Vol nominal, sans histoire. Il fait plutôt bon. Le trajet est long. J'aimerais m'endormir mais je ne peux pas. Comme à chaque fois que je découvre un pays pour la première fois, j'ai l'angoisse de manquer un détail, une image, une couleur en fermant les yeux pour m'assoupir.
Je suis au Japon.
Comme pour me confirmer ce fait, le dossier du siège qui me précède m'indique qu'un réseau wifi est disponible dans le bus...

Samedi, 11h.

Nous sommes arrivés à l'hôtel; l'établissement imprime sa silhouette massive sur le quartier excentré de Daïba. Pour faire un parallèle, ce coin serait un peu à Tokyo ce que La défense est à Paris. J'ai du sable plein les yeux. Certains de mes collègues, encore en uniforme, se rendent au petit déjeuner. Je n'ai pas ce courage et rejoins le 1oème étage où ma chambre m'attend. J'opte pour un petit déjeuner américain en room-service. Déshabillé, douché (ça c'est aussi un grand plaisir d'après vol !), j'enfile le kimono blanc laissé à mon attention dans la penderie et me glisse sous la couette. Nous nous sommes donné rendez-vous avec les collègues pour aller diner vers 18h. Le réveil est calé à 17h30, au cas où, car je devrais dormir deux petites heures. Maximum.

Samedi, 17h30.

J'ouvre les yeux, je reviens de loin. Mince. "Quel jour est-il ? Quelle heure on est ?". 17h30. J'ai bel et bien dormi plus de 5h d'affilée. Alors qu'à Paris et pour mon horloge biologique il est 9h du mat, ici le soleil déjà bas sur l'horizon nous envoie ses derniers rayons avant d'abandonner Tokyo à la nuit. Beaucoup de PNC m'avaient dit qu'ils ne connaissaient Tokyo que de nuit, qu'ils n'avaient pas la moindre idée d'à quoi pouvait ressembler cette ville le jour. Je commence à comprendre pourquoi.

Samedi, 18h.

Ponctuel comme toujours, j'attends mes collègues à la réception. Le groupe ne sera pas au complet avant 19h. Classique. Certains veulent aller dîner près de l'hôtel et rentrer en suivant. Tandis qu'une hôtesse propose de nous emmener dans un petit resto qu'elle-connaît-mais-c'est-dans-une-petite-ruelle-qu'il-faut-qu'elle-retrouve-mais-c'est-pas-gagné-oui-faut-prendre-le-métro-le resto ?-c'est-un-minuscule-yakitori-même-qu'à-côté-y'a-un-minuscule-bar-mais-non-on-rentrera-pas-tard-moi-aussi-je-voudrais-visiter-la-ville-demain. Bref, le plan à l'air tout ce qu'il y a de plus foireux. J'opte évidemment pour celui-ci étant donné que ma journée commence, de toute façon je me vois difficilement rentrer à l'hôtel pour compter les heures jusqu'au petit dej.

Samedi, vers 20h.

Avec deux collègues, dont l'hôtesse qui nous servira donc de guide ce soir, nous quittons enfin l'hôtel après avoir étudié plans, cartes, et harcelé gentiment le concierge. Notre guide est sûre d'elle. La station de métro : quasiment sûre que c'est ça. Ensuite ? y'a un magasin Uniqlo, faut juste qu'on le trouve, après c'est bon je vois. Je sens que ça va être le bordel. Mais c'est tellement marrant le bordel dans une ville inconnue...
Le métro ahhhhhh le métro. J'ai vite laissé tomber. Notre guide est douée. Capable de repérer la bonne station écrite en "vermicelles" sur un panneau qui fait bien 10 mètres de large.

Samedi, vers 21h.

Sitôt sortis du métro, nous tombons nez à nez sur l'Uniqlo, notre phare urbain. De là, notre guide retrouve la ruelle en 30 secondes. C'en est presque décevant. C'est vrai quoi ! A quoi ça sert de faire 10000 bornes, d'atterrir dans un pays qu'on ne connaît pas, avec des panneaux indicateurs qui n'indiquent rien à qui ne maitrise pas la langue de Dragonball, si c'est pour trouver son chemin du premier coup ??
La ruelle est effectivement pittoresque au possible. 1m50 de large, maxi. Les bâtiments sont si proches que bien qu'à l'extérieur, on ne peut voir le ciel. A droite comme à gauche, que des petits restaurants ouverts sur la rue. La plupart proposent des yakitoris, ces petites brochettes de tout et son contraire, grillées sous les yeux des clients. Quelques-un proposent des plats plus... comment dire... dépaysants. A l'image de ces "sashimis de foie de bœuf" que ce japonais avale avidement, un verre de saké en guise d'antidote. Au cas où. J'ai l'impression d'être Julie Andrieu dans Fourchette & sac à dos, l'excellente émission de France 5. Bon, le charme féminin en moins, je te l'accorde, Ami terrien.



Samedi, vers 22h00.

Cela fait un petit moment que nous sommes attablés, ou pour être exact accoudés au comptoir de ce minuscule estaminet bondé. Notre hôtesse guide se fait ouvertement draguer par son voisin japonais, qui tient à lui faire gouter tous les plats de la carte, poussant moult "ôôôôôôôô" dès qu'elle bouge un cil. Nous avons bien mangé (on ne saurait vraiment dire quoi), et la bière locale fut fort à propos pour accompagner toutes ces petites brochettes. Ah oui, pour info, les fameuses brochettes boeuf-fromage de nos restos japs en France, en réalité eh bien ça n'existe qu'en France...

Samedi, à une heure indéterminée.

Alors que nous quittons notre ruelle, mes collègues m'assurent que comme c'est mon premier Tokyo, on DOIT aller faire un tour à Roppongi. Pour faire simple, Roppongi c'est LE quartier branché, avec ses bars et ses boites où la jeunesse tokyoïte vient se défouler tous les samedis soirs avant de rentrer dans le moule. Bof, comme tu le sais, les discothèques c'est vraiment pas mon truc. Mais bon, ici c'est Tokyo, ici c'est la nuit alors que dans ma tête c'est le jour. Alors je suis mes collègues de bon coeur.
Premier arrêt au 911. Bondé. Que d'la tétèch', qui t'pet les 'rones, un max de branchés, tu mates, j'te mates, pas trop mon truc... Les paroles de Java me reviennent alors que j'observe, une Kirin pression à la main, ces gens se déhancher sur la piste, pendant que sur des écrans plats défilent en noir et blanc les aventures de Mister Bean. Oui, Rowan Atkinson doit être ici une icône pop underground. Comme Mireille Mathieu. Drôle de pays quand-même. Et pas à une contradiction prêt ! L'air dans la boîte est suffocant. Les gens fument cigarette sur cigarette quand dehors, sur le trottoir, il est interdit de fumer. Il faut croire que monsieur Evin avait dû forcer sur le saké le jour où il vint au Japon expliquer les grands principes de sa loi.
La bière me tourne la tête, l'air saturé de sueur et de nicotine me donne une légère nausée, et la musique techno me vrille les tympans. Mr Bean - je suis bon public- me fait marrer, mais ce n'est pas une raison suffisante pour rester. J'ai envie de rentrer.
Par chance, notre hôtesse guide nous propose rapidement de "bouger". Dehors, l'air frais me fait du bien. Sur le trottoir, des dizaines de rabatteurs, africains francophones pour la plupart, nous exhortent à pousser la porte de l'établissement qui les emploie. Mes acolytes décident d'un dernier verre au Motown 2.
L'ambiance ici est bien plus "bon enfant". Un grand bar en bois, des affiches vintage, et une programmation musicale bien moins élitiste : Jackson, Abba, et même les Gipsy Kings côtoient quelques tubes du moment. Contrairement au 911, où les gens dansaient concentrés, genre c'est sérieux c'est pas de la rigolade, ici personne ne semble se prendre la tête. Certains japonais, hilares, nous entraînent même dans des chorégraphies bizarres. Je finis par me prendre au jeu et passe finalement une très bonne soirée.
Je remarque quelques occidentaux, des hommes en costume pour la plupart, qui l'air hagard déambulent entre les danseurs. Ils n'ont pas l'air très heureux. Leur visage est fermé et personne ne semble les remarquer, si bien qu'au bout d'un moment je me demande s'ils ne sont pas des esprits que je suis seul à voir. S'expatrier ici, quand on n'est pas spécialement fan de la culture japonaise, ça ne doit pas être rose tous les jours.



Dimanche, 2h30 du matin.

A 2 contre 1, nous avons remporté la décision du retour à Daïba. La porte du taxi s'ouvre automatiquement et en silence après que le chauffeur a appuyé sur quelque interrupteur. Nous avons passé une bonne soirée, et je suis content d'avoir opté pour le plan foireux. Rendez-vous est pris tout à l'heure vers 13h30 pour aller voir à quoi ressemble Tokyo de jour. Je m'endors vers 4h devant un film très très ennuyeux avec Charlotte Rampling.

Dimanche, 9h.

5h de sommeil. Pas mal. Après le petit déjeuner, je me rends au centre commercial situé en face de l'hôtel. Il faut que je trouve un drugstore car je n'ai plus de solution de lavage pour mes lentilles. Je finis par trouver une sorte de CVS. Le vendeur ne comprend pas mon anglais pourtant impeccable (!). Qu'à cela ne tienne, j'avais prévu le coup et avais demandé à bord à ma collègue hôtesse japonaise de m'écrire la phrase qui allait bien sur un bout de papier. Le doute m'habite au moment où je tends le mot au vendeur. Elle n'avait pas l'air spécialement facétieuse, mais si elle avait voulu me faire une blague...

"Bonjour monsieur le vendeur ! Vous avez un vilain gros nez !"
"Bonjour ! je suis un imbécile de touriste français ! Il faut me taper !"
"Bonjour ! J'ai des hémorroïdes et des champignons, pouvez-vous m'aider ?"

Bref, elle aurait pu s'amuser. Mais non. Pas de regard menaçant, pas de coups de bâton, et le flacon que l'on me tend ne ressemble en rien à celui d'un fongicide. Mission accomplie, c'est gagné, j'ai passé le premier boss, et j'ai gagné une vie supplémentaire. Heeeere we gooooo !



Dimanche 13h30.

Je retrouve Agnès pour la balade prévue la veille. Elle m'emmène à Shinjuku, observer le balais incessant des voitures puis des piétons qui envahissent à tour de rôle l'immense carrefour.
Puis nous marchons jusqu'à Harajuku, quartier populaire où il n'est pas rare de croiser de drôles de personnages ou très colorés (version manga) ou très monochromes (façon gothique). Mais en ce dimanche après-midi ensoleillé, la petite rue Takeshita-dōri est envahie de familles sages. Pourtant, les boutiques qui équipent les "gothic lolitas", les "cosplays" ou encore les "pinks" sont bel et bien ouvertes... Ça et là, de longues files indiennes se forment, et je découvre qu'il s'agit de vendeurs de crêpes bien françaises qui font un malheur. En vitrine, la reproduction en caoutchouc de la "fraise-chantilly-cheesecake" me fait de l'oeil. Mais je résiste.





Dimanche, vers 18h.

Nous nous perdons un peu dans le quartier, plus ou moins volontairement, avant de reprendre la Yamanote line, direction Shimbashi en quête d'un sushi bar. Celui recommandé par notre précieuse fiche escale. Évidemment, nous ne le trouverons jamais et nous rabattrons sur une assiette de gyozas (des raviolis frits) et sur une soupe aux nouilles-soja-et-porc.

Dimanche, 21h.

Nous voilà rentrés à l'hôtel. Demain réveil 9h pour assurer les quelque 12h du vol retour.
Content de ce premier contact rapide avec le Japon. A la vérité, je ne me suis pas senti aussi perdu dans la traduction que Bill Murray dans le film de Sofia Coppola. Mais c'est certainement parce que je n'étais pas seul.

Si ça avait été le cas, je me serais à coup sûr perdu dans le métro, certainement je ne serais pas allé en discothèque, assurément je n'aurais pas dormi. Alors, chaussé de mes mules en éponge, vêtu d'un kimono trop grand, les mains serrées sur mon ventre, assis seul sur mon lit ferme, j'aurais écouté passer les heures .



Une prochaine fois peut-être ? En attendant, comme tous les mois, je vais poser mon 4on New York.

Dieu sait où il me mènera cette fois ?

Montreuil, le 20 mars 2010

jeudi 11 mars 2010

Rio


Bonjour l'Ami terrien,

Copacabana, Pain de Sucre, Ipanema, Havaianas, Corcovado, Caïpirinha, maracana, cachaça... Oui oui, rien ne manque alors que je découvre cette ville-plage pour la première fois. Le soleil est au rendez-vous - tout du moins dans la journée, le soir c'est une autre histoire. Une journée pour voir ce pourquoi Rio de Janeiro fascine le monde entier depuis des dizaines d'années. Ambitieux.
Premier point, "noir" : tous les habitués de la ligne, hôtesse brésilienne comprise, me rappellent que je ne dois sortir qu'avec le strict minimum, pas de montre, une photocopie du passeport, du liquide à partager dans les différentes poches. "Les favelas sont proches, dès que tu t'éloignes un peu du littoral, tu risques de te retrouver dedans sans t'en rendre compte". Engageant. Les petites anecdotes de la ligne me reviennent. Tel captain' s'est fait arracher la lèvre à coups de dents par une bande d'enfants carnivores qui voulaient se mettre à la technique photographique, l'appareil photo du dit pilote leur ayant semblé fort approprié; telle hôtesse dut abandonner sac à main et lunettes noires, ayant expérimenté sur sa hanche fraîchement bronzée le contact glacé d'une lame conquérante. Tel copi, enfin, rêvant à la fille d'Ipanema, via les écouteurs de son baladeur sur la plage éponyme, dut sous la menace de quelque bandit urbain abandonner Ipod (normal), puis Ray-Bans (classique), puis tee-shirt (bon, il fait beau, ça passe...), puis baskets (bon, sur le sable, pieds nus ça passe !), puis bermuda (euh...), puis caleçon (......). L'histoire raconte que le malheureux retourna littéralement à poil au Sofitel Copacabana, ce qui j'en conviens ne doit pas laisser que de bons souvenirs.

C'est donc dans une sérénité d'esprit totale que j'embarque dans un taxi avec trois de mes collègues ce matin-là. Pour toi Ami Terrien, je prends tous les risques, puisque j'emmène avec moi mon petit appareil photo afin de te présenter ici-même au célèbre Christ Rédempteur. Je me pince les lèvres, bien fort.

Tarif négocié avec notre chauffeur. Pour 150 réals (environ 60€), ils nous emmène tous les quatre, nous attend sur place puis nous rapatrie sur Copacabana. Évidemment, afin que monsieur rentabilise sa journée, pas de temps à perdre. La conduite est sportive. Nous le baptiserons Ayrton.

Ayrton nous arrête à un belvédère peu avant d'arriver au Corcovado. Très fort Ayrton, car la vue y est splendide, mais surtout le point de vue est situé juste sous la brume qui entoure le Christ quelques centaines de mètres au-dessus.




Lorsque nous arrivons au parking, Ayrton nous indique où acheter les tickets. Pas de temps à perdre, c'est à peine si on ne se fait pas engueuler parce qu'on prend trop son temps. Nous finissons par embarquer à bord d'un minibus qui va nous permettre d'avaler les quelques dizaines de mètres de dénivelé supplémentaires à gravir. Par la vitre, Ayrton nous fait de grands signes d'adieux. Un vrai sentimental cet Ayrton.

Arrivés au sommet de la colline, l'ambiance a changé. Il fait frais, c'est très agréable. La brume nous entoure de toute part. Pour le panorama, nous repasserons. Mais pour l'ambiance c'est assez sympa. Nous avons littéralement la tête dans les nuages. Nous voyons ces nuées de gouttelettes d'eau tournoyer autour de nous en un ballet qui paraît éternel. De temps à autre, une percée fugace au milieu des nuages s'opère, le vertige arrive alors lorsque l'on découvre pour quelques secondes la majestueuse baie de Rio et ses plages blondes. La lumière du soleil s'engouffre dans la brèche, avide de sécher, chauffer, brûler peut-être. Puis les paupières de vapeurs se referment comme elles se sont ouvertes, abandonnant le visiteur à ses rêves de hauteur. Les têtes se tournent alors vers l'immense statue. Un escalator vous mène à ses pieds. Ce jour-là, le Christo Redemptor se drape pudiquement de la brume qui l'entoure, alors que des ouvriers ont monté un gigantesque échafaudage autour de lui. Une bonne sœur et un prêtre, micro en main, bénissent chaque ouvrier avant qu'il ne se lance à l'assaut de la statue.

Face au colosse de pierre, un nouveau panorama aveugle.


Lorsque nous redescendons, Ayrton est là, au taquet. Je reprends ma place dans le véhicule, à l'arrière au milieu. Et c'est là que je réalise que pour le prix de la course j'ai droit à un tour de Space Mountain, voire - et c'est tellement plus à la hauteur des lieux - de Tonnerre de Zeus. L'a pas que ça à faire Ayrton. Enhardi par les diverses icônes qui pendouillent partout dans son Opel, il dévale la montagne en jouant de la boite.

Pour la suite, petite promenade sur Copacabana. Nous apprécions la dextérité des joueurs de beach volley qui s'évertuent à ne jouer qu'avec leurs pieds et leur tête. Assez incompréhensible pour un gus comme votre serviteur qui n'a jamais réussi à tirer un ballon de foot tout droit.
Sur Ipanema, nous observons les enfants qui, consciencieusement font leurs devoirs comme il se doit à la sortie de l'école. "Pour demain... Vous me ferez 10 bottom turns, 3 aerials, et puis n'oubliez pas de bosser vos Off the Lip, parce que demain y'a contrôle". Pieds nus, cheveux au vent et la planche sous le bras comme un parisien porterait sa baguette, les gamins retardataires courent vers le spot idéal pour s'atteler avec ferveur aux exercices prescrits par le maître.
Certaines vagues sont impressionnantes. Je m'enhardis à mettre mes pieds dans l'eau. Un collègue nous exhorte à la baignade. L'eau est glacée. "Non... je ne sais pas... je crois que l'océan ne veut pas de moi aujourd'hui, mais vas-y on te regarde !"


Je contemple l'horizon, sur lequel la brume s'est posée. J'ai une pensée pour mes collègues, qui quelque part dans ce nuage vaporeux reposent au côté de leur A330 abîmé. Je remarque que personne dans l'équipage n'a jusque-là évoqué l'Accident. Pudeur ? Superstition ? Une page définitivement tournée ? Je ne sais trop que penser. Je suis pourtant certain que chacun de nous y a pensé, une seconde au moins, en silence.



Le lendemain soir, dans la navette qui nous mène à l'aéroport Carlos Jobim de Rio, nous empruntons une partie de la route sur laquelle Ayrton nous a bringuebalés la veille. Au détour d'un pont et d'un pan de brume, je devine, en haut de la montagne, la silhouette massive du Christ Rédempteur veillant sur la baie.

Les bras à l'horizontale, je jurerais qu'il "fait l'avion"...



Montreuil, le 11/03/10

samedi 27 février 2010

Planning de mars

lundi 01 : Stage CDG Adaptation A380
mardi 02 : Stage CDG Adaptation A380
mercredi 03 : OFF
jeudi 04 : Rio de Janeiro
vendredi 05 : Rio de Janeiro
samedi 06 : Rio de Janeiro
dimanche 07 : Rio de Janeiro (retour CDG 11H30)
lundi 08 : OFF
mardi 09 : OFF
mercredi 10 : OFF
jeudi 11 : DISPERSION
vendredi 12 : Tokyo
samedi 13 : Tokyo
dimanche 14 : Tokyo
lundi 15 : Tokyo (retour CDG 17h15)
mardi 16 : OFF
mercredi 17 : OFF
jeudi 18 : OFF
vendredi 19 : Stage Orly maintien des compétences A320
samedi 20 :DISPERSION
dimanche 21 : DISPERSION
lundi 22 : Miami
mardi 23 Miami
mercredi 24 : Miami (retour CDG 08h00)
jeudi 25 : OFF
vendredi 26 : OFF
samedi 27 : OFF
dimanche 28 : OFF
lundi 29 : OFF
mardi 30 : OFF
mercredi 31 : OFF


vendredi 26 février 2010

Punta Cana

Bonjour Ami terrien,

Tu es fort chanceux ! Eh oui, ce fut ma première escale à Punta Cana, ce qui te permet d'échapper à un jeu de mot douteux. Jeu de mot auquel tu n'échapperas pas lors de mon éventuel futur nouveau passage dans ce coin de la République Dominicaine. Tu ne vois pas ? Allez mange un clown et si tu trouves laisse-le en commentaire ! Tu gagneras une photo dédicacée ;-)

Que dire de PC ? D'après Wikipédia, il s'agirait d'une station balnéaire... C'est en fait une succession de "resorts" de standings globalement équivalents. Resorts. Plus que des hôtels ce sont des petites villes avec leurs restaurants, leurs bars, leurs piscines, leurs plages, leurs golfs... Bref. Tout y est fait pour que lors de votre semaine de vacances vous ne mettiez pas le nez hors des murs constitués d'arbres exotiques (enfin derrière ces arbres se dressent des murs en bonne et due forme mais bon...). Du reste, votre bracelet "all inclusive" vaut tous les murs du monde...

Alors oui il fait beau, oui il fait chaud, oui il y a du sable blanc et des palmiers, oui, c'est agréable. mais bon 48h une fois de temps en temps ça me suffit largement ! Car à l'image des bracelets All inclusive, on tourne quand-même vite en rond !

Allez quelques cartes postales quand-même pour te sortir de la grisaille, Ami terrien...












Montreuil, le 26/02/10

dimanche 21 février 2010

Puisqu'il faut repartir...

Bonjour, mon Ami Terrien !

Comme tu as pu le constater, cela fait quelques mois que je te fais faux-bond... Mais comme tu le sais sûrement, je suis depuis le 16 décembre dernier l'heureux papa d'une petite fille qui me comble de bonheur, mais qui accapare aussi - et c'est bien normal - une bonne partie de mon temps.

Je pense du reste que des présentations officielles seraient les bienvenues ici...

Alors voici ma petite Ella, ma petite grenouille des îles, mon petit lapin-pin, l'amour de ma vie dans la catégorie moins d'1m59 ;-)


























































Bon, de toute façon Ami Terrien, tu n'as pas manqué grand-chose... vacances, congé paternité furent groupés; ajoute à cela un vol sur Washington annulé pour cause de tempête de neige et au final seuls mes exploits à Bogota au début du mois de février n'ont pas été relatés ici... Et quels exploits ! Les nuits blanches à répétition ayant eu raison de moi je ne suis pas sorti de l'hôtel pour cause de fatigue intense...

But I'm back !

Départ demain matin pour Punta Cana, en République Dominicaine.


Pour la suite, j'attends mon planning définitif de mars pour le publier ici-bas ! Mais il devrait y avoir je pense quelques petites choses à te mettre sous la dent... (des indices ? un GROS navion, de la samba, et des sushis ;-) )


Et puisqu'une petite passagère vient d'embarquer pour un long périple, à bord d'une planète magnifique, peuplée de gens parfois un peu bizarres, permets-moi Ami Terrien de lui souhaiter ici un merveilleux voyage, et de lui dédier dorénavant les lignes de ce blog.

Bon vol et bon vent ma fille.

Ton père, qui fait décidément un drôle de métier, et qui partira souvent mais reviendra toujours.


Montreuil, le 21/02/10

dimanche 1 novembre 2009

Planning de novembre

dimanche 01 : OFF
lundi 02 : OFF
mardi 03 : DISPERSION
mercredi 04: DISPERSION
jeudi 05 : Nouakchott
vendredi 06 : Nouakchott
samedi 07 : Nouakchott
dimanche 08 : Nouakchott (retour CDG 05H55)
lundi 09 : OFF
mardi 10 : OFF
mercredi 11 : OFF
jeudi 12 : Stage CDG 09h30 --> 18h
vendredi 13 : Stage CDG 09h30 --> 18h
samedi 14 : OFF
dimanche 15 : OFF
lundi 16 : OFF
mardi 17 : OFF
mercredi 18 : OFF
jeudi 19 : OFF
vendredi 20 : OFF
samedi 21 : Mexico
dimanche 22 : Mexico
lundi 23 : Mexico
mardi 24 : Mexico (retour CDG 14h05)
mercredi 25 : OFF
jeudi 26 : OFF
vendredi 27 : Washington
samedi 28 : Washington
dimanche 29 : Washington (retour CDG 11H15)
lundi 30 : OFF

mardi 27 octobre 2009

O.N.U soit qui mal y pense


Nous avons profité de notre séjour à New York pour visiter avec Marine le siège des Nations Unies. Pour ma part, j'étais déjà allé faire le tour des murs de cette honorable institution il y a dix ans de cela, au cours d'un voyage scolaire. J'en gardais quelques souvenirs fugaces, et je m'attendais ce jour-là, une décennie plus tard, à constater un minimum de changement.

Quelques rappels pour situer les choses... L'ONU est une organisation internationale dont la quasi-totalité des états de la planète est membre. Le but ultime : la paix mondiale. Les Nations-Unies furent fondées en 1945 sur les cendres de la Société Des Nations (SDN) qui n'avait pas réussi à empêcher la survenue de la seconde guerre mondiale... Les opérations de maintien de la paix sont assurées aux quatre coins du monde par les célèbres "Casques Bleus", soldats prêtés par les différents états membres, mais formés par l'ONU. Quelques célèbres émanations de l'organisation : l'UNICEF (United Nations Children's Emergency Fund), chargée d'oeuvrer pour la condition des enfants de par le monde; l'UNHCR (Haut Commissariat aux Réfugiés), ou bien encore l'UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture), dont le siège est d'ailleurs situé à Paris. Cocorico!

Bref, quand on voit tout ça on dit respect.

Mais revenons à notre journée de tourisme. Que vaut cette visite ? Est-elle à la hauteur des desseins qui se jouent ici chaque jour ? Une fois passé l'inévitable filtre de sûreté, vous n'êtes plus sur le sol américain, mais en territoire international. Du reste l'ONU a son propre bureau de poste, et émet des timbres qui ne sont valables que pour le courrier posté depuis l'Organisation. Une aubaine pour les philatélistes. Je reconnais vite les lieux et me rends à l'évidence. Rien n'a changé. Si ce n'est que les murs et la déco ont -mal- vieilli.
Il y a une visite guidée par jour en langue française, il s'agit de ne pas la manquer. Notre guide est un jeune péruvien. Il parle l'anglais, le français, l'espagnol, l'italien et le portuguais. Respect. Les instructions sont claires. "Et s'il vous plait, madame sset monsieur, jé donne lé ssexplications y aprrès vous prénez les photos, mais pas pendant qué jé donne les ssexplications". Oui mon guide, bien mon guide ! La visite commence par la présentation de quelques cadeaux offerts par les états-membres. On ne va pas se mentir, et dire les choses clairement. Ils sont pour la plupart très kitschs et très moches. La Belgique par exemple a offert une immense carpette... oups pardon, on dit "tapisserie", bleuâtre, hyper chargée, aux motifs façon "Latin classes de 4e et 3e, éditions Belin". "Et madame sset monsieur pour faire cetté magnifique tapisserie, lé fil qué les artistes issont itilissé pourrait faire quatré fois lé tour dé la Terre !". Waouh ! Surtout qu'il ne se sente pas obligé de passer par Montreuil, le fil ! Non non, mais respect, c'est du boulot quand-même... La palme de l'antiglamour, et à mon sens du cynisme, revient certainement à un cadeau de la Chine. C'est une sculpture en ivoire de taille respectable. Les éléphants sacrifiés sont certainement très fiers, du paradis des pachydermes, d'avoir contribué à cette oeuvre généreuse. De loin, ça ressemble à une grosse motte de bouse blanc cassé, avec des morceaux. Mais comme le dit le guide, il faut s'approcher pour observer le soucis du détail, la finesse du point comme dirait Gigi. Effectivement, il faut reconnaître que c'est un travail de fou, très habilement exécuté. Ben oui, mais c'est moche. Manque plus que le chat qui lève la patte droite à côté et on est chez Lee Pâh Ôlee, spécialités vapeurs avenue de Choisy. Sans parler de ce que la sculpture représente : une magnifique montagne de quelque région reculée de la campagne chinoise... défigurée, éventrée de part et d'autre par un chantier de construction de voie ferrée, avec grues et lampadaires. Joli message d'espoir pour ta planète, Ami Terrien. "Et s'il vous plait, madame sset monsieur, sachez qué cette cadeau il a été offert aux Nations SSounis, presqué quatorssan avant qué la vente dé l'ivoire il soit interdit." Ah bon ben ça va alors... Si j'étais le gars responsable des cadeaux à l'ONU, je suggérerais avec tact et doigté à certains pays de s'abstenir pour Noël et d'envoyer comme étrennes des bons-cadeaux à l'UNICEF. Au moins, on fait pas de faute de goût et ça fait toujours plaisir.
Pour la suite de la visite, il est prévu de repasser devant la carpette belge pour l'observer sous un autre angle... Quand on aime... Bon ce sera rapide car une équipe médicale est affairée auprès d'une touriste visiblement sous le coup d'un trop plein d'émotions artistiques, et on nous demande de dégager rapidement.
En fait de visite, la suite du tour guidé comprend essentiellement le commentaire de panneaux explicatifs sur les rôles et les accomplissements divers de l'organisation : campagnes de déminage, présentation du matériel fourni aux enfants ou aux réfugiés dans les pays en guerre ou en crise. A un moment est évoquée la Convention d'Ottawa, traité international de désarmement qui interdit l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnelles. La quasi-totalité des états-membres l'ont signé. Quelques exceptions : la Chine, la Corée du Nord... et les États-Unis. Tiens tiens... Bizzarement, ça ne leur fait pas mal de figurer sur la même liste que leurs ennemis jurés... Et on pourrait s'amuser aussi avec la liste des pays qui pratiquent encore la peine de mort (alors que la majorité des historiens s'accorde à situer la fin du moyen-âge vers 1492...). Je suis loin de me considérer comme un anti-américaniste primaire. N'empêche que leurs contradictions me frapperont toujours !
Seul réel temps fort de la visite, le passage par la salle du Conseil Général est plaisant. C'est un très bel hémicycle surmonté d'une coupole. Et c'est là que les membres votent les résolutions. Il faut avouer que les lieux ont quelque chose de grandiose et solennel. Respect.




Bref, tu l'auras compris, Ami Terrien, j'ai été un peu déçu par cette visite. Le passage au pied du sapin pour admirer les cadeaux prend un tiers de la visite, et c'est sans intérêt. L'expo sent l'opération de communication à plein nez, et le curieux qui veut s'informer trouvera tout ça sur la première page Wikipédia venue. Heureusement qu'il est offert au visiteur de siéger quelques instants dans la salle du conseil. Mais il reste sur sa faim et aurait aimé pouvoir faire de même dans la salle du Conseil de Sécurité par exemple...

L'O.N.U. reste une belle entreprise, un magnifique défi lancé par des humains pour des humains. Respect. Mais la visite vous laisse un goût amer d'inachevé. Ne serait-on pas là face à une gigantesque machine à se donner bonne conscience ? A voir l'incapacité des hommes à s'entendre, à les voir transformer la richesse potentielle que devrait représenter le fait de croire ou de ne pas croire en des dieux différents en prétexte à s'entretuer, à voir une grande démocratie comme les Etats-Unis préférer faire du profit en vendant des mines que d'épargner des vies d'enfants, on se dit forcément que tout ça est un peu vain.

Et tout l'ivoire des éléphants chinois n'y changera rien...



Montreuil, le 27/10/09